dimanche 16 mars 2008

L'ADULTE NE CROIT PAS AU PERE NOEL, IL VOTE (Pierre Desproges)

Le droit de vote, bataille de nos anciens... On a pris pour habitude, ces derniers temps, de critiquer les abstentionnistes, de se servir d'eux et de leurs prêter des intentions, des idées, qui sont loin de refléter la réalité. Mais travestir celle-ci arrange !

Pour notre président, l'abstention ne constituerai pas un camouflet à sa politique... Il n'est qu'à faire ses comptes, d'ailleurs, pour se faire une idée du bien fondé de ce discourt. On s'aperçoit rapidement que les voix qui manquent, hormis les 15 % qui s'étaient abstenus lors de l'élection présidentielle, manquent surtout à l'UMP !

Etait-ce bien des voix de droite lors des élections de 2007 ? Ou bien plutôt une réaction face au désert idéologique du PS et à ses batailles arrivistes ?

Ces votants, ou plutôt ces non votants, ne feraient alors que reproduire, face à un président représentant plus son appareil et sa propre personne que la France et ses habitants, ce qu'ils ont fait au PS un an plus tôt... « Je vote à droite parce que le PS me déçoit ; je suis déçu par la droite donc je ne vote plus ! » Et là, la réaction des abstentionnistes deviens miraculeusement une critique directe à la politique menée par ce gouvernement, ce qui est ,sans doute possible, plus proche de la réalité.

« élection piège à cons » ou « ne pas voter peut provoquer un président grave » ?

A vrai dire, je serai plutôt partisan de la première maxime. En effet, voter, c'est porter le candidat qui représente le mieux ses idées ! Et je suis toujours abasourdi quand je voie un ouvrier voter à droite ! Et c'est là qu'entre en jeu le piège à cons, télévisuel bien trop souvent. Quoi de facile, pour un candidat, soutenu par le plus puissant porteur d'idée –et de temps de cerveau disponible- qui existe, que d'atteindre la plus haute fonction ? Il n'y a qu'à voir les chiffres du CSA sur le temps de parole des hommes politiques : Sarkozy a monopolisé l'antenne deux fois plus que ses adversaires lors des mois précédents les élections... Et il bat, par la même occasion, le record du nombre de passage télévisés sur un an détenu par son prédécesseur.

Le pire, c'est qu'à aucun moment il n'a menti sur le programme qu'il portait et sur les réformes qui y étaient liées. Il n'y a qu'à ressortir ce programme pour s'apercevoir que les grandes lignes y sont bien présentes. Alors, pourquoi voter pour lui ? Avez vous entendu parler de ces réformes, tout du moins de celles qui sont le plus décriées à l'heure actuelle, à une heure de grande écoute, lors d'un journal télévisé par exemple, avant l'élection ? Il y a fort à parier que non ! La puissance du média télévisuel a patiemment et efficacement fait son travail de décervelage et c'est en troupeau fier que les citoyens se sont rendus aux urnes, non pas pour porter leurs idées, mais pour applaudir le joli discourt sur fond de « j'ai changé ». Et c'est là que le piège se referme et que, contrairement à la deuxième citation, c'est voter qui a provoqué un président grave.

Je modère immédiatement mes propos. En effet, voter pourrait s'avérer utile si on arrêtait le « vote utile ».

Quand quelqu'un me dit qu'il n'est pas normal que, dans notre société, des gens n'aient ni toit, ni repas ; qu'il n'est pas normal que, travaillant dur, un salarié ne puisse que juste survivre alors que l'actionnaire de sa boite touche des milliards et que les bénéfices de cette entreprise ont augmentés sur une base à deux chiffre, j'ai tendance à le trouver plus sympathique que celui qui me dit qu'il ne faut pas écouter ce gauchiste et qu'il va falloir encore plus me serrer la ceinture. Et j'irai plus facilement déposer mon bulletin de vote pour le premier que pour le deuxième, surtout en sachant que le deuxième appartient à la famille des actionnaires et profiteurs, ou du moins en est tellement proche qu'il profite directement de l'augmentation des bénéfices. Mais peut-être suis-je torturé ???

Quand au gauchisme, qui sera le sujet d'un de mes prochains post, savoir que celui qui taxe ainsi le premier sus cité appartient à la classe de ceux qui m'exploitent me donnerai plutôt tendance à avoir confiance en ce système qui prendrait aux riches pour donner aux pauvres (schématisons un peu, voulez-vous) !

Alors je reconnais que l'expérience soviétique (je n'ai sciemment pas dit communiste, le système en place n'ayant pas grand chose à voir avec le communisme imaginé par Engels, Marx et autres) me rendrait prudent et attentif aux agissements de chacun. Mais se servir du système soviétique pour critiquer toute pensée « gauchiste », c'est oublier un peu vite qu'Hitler a été élu DEMOCRATIQUEMENT et qu'un tel amalgame nauséabond pourrait être utilisé pour critiquer la démocratie...

Alors, nécessité ou pas du vote ?

Oui, il est nécessaire car, et il ne faut pas se leurrer, il est une arme pouvant servir, lorsqu'elle est bien utilisée, à ralentir l'évolution catastrophique du système régissant notre société.

Non, car quel qu'en soit le résultat, il ne pourra pas abolir ce système ou tout au moins une partie de ce système, pour essayer d'en instaurer un plus digne pour l'humanité, les intérêts de certains –de ceux qui détiennent le pouvoir, l'armée et l'ensemble des institutions- sont trop importants et trop engagés pour qu'ils laissent ce changement s'opérer et c'est par la rue, massivement, unitairement et intelligemment, que ce changement pourra se faire.

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