mardi 25 mars 2008

QUAND ON VOIT LE PRIX DU BIFSTEACK, ON COMPREND AISEMENT POURQUOI, EN INDE, LES VACHES SONT SACRÉES (Inconnu)

ou la continuation de ma petite critique de la société ordinaire...

Je vous avais laissé au levé du lit, considérant mes états d'âme footballistiques et vous apitoyant sur mon triste sort de pauvre penseur limité de ce début de vingt-et-unième siècle. Mais la vie est ainsi faite que l'on n'a pas le temps nécessaire pour se lamenter sur son propre sort. Ma femme, m'ayant sorti de la torpeur dans laquelle je me trouvais alors, m'avais rappelé que je devais profiter de ce jour de repos pour aller faire les commissions... Ah, qu'il est loin le doux temps ou l'Homme, tel le valeureux chevalier rentrant de croisade, pouvait se permettre de glisser les pieds sous la table de salon, sirotant un doux breuvage jaunâtre pendant que sa femme s'affairait aux tâches ménagères ou partait faire les courses ! Aujourd'hui, en fait de chevalier, il ne reste que celui qui s'étale sur l'étiquette du camembert des croisés...

Ma liste à la main, me voilà parti vers le plus proche discounter de mon domicile. En fait, l'image est belle mais fausse, car c'est avec un complet je m'en foutisme que j'ai sorti la voiture pour faire les 500 mètres qui me séparent du dit magasin. J'arrive sur le parking, plein, comme d'habitude et je dois encore faire 500 mètres de plus pour me garer... devant chez moi. Je redescend la rue, pensant à cette dure côte que je devrais monter dans 30 minutes si tout va bien et je me présente devant la porte automatique qui ne s'ouvre pas. Un énorme panneau barre l'entrée sur lequel est écrit « pour cause de vent, veuillez accéder au magasin par la porte latérale ». La tramontane souffle, aujourd'hui. Pas un vent normand dépassant difficilement les 30 km heures, non, la vraie tramontane soufflant à plus de 100 sur les plaines et s'engouffrant dans les rues escortée de cette vague de froid que nous envoient, jaloux de notre beau soleil, les départements plus au nord, celle qui décorne les boeufs déjà près pour la corrida pour poser les cornes sur la tête de ceux qui iront la voir. Pardon, on ne dit pas « des boeufs » par ici, on dit « abruti » ou « toro », tout dépend...

Je me dirige donc d'un pas alerte sans me méfier, ce qui est un comble, et j'entre triomphant... dans la porte qu'il ne fallait pas pousser mais tirer, chose que l'on a oublié de mentionner au quidam.

Je peste, je ronchonne, attitude au combien habituelle chez moi et je tire cette porte avant de pousser le tourniquet pour pénétrer le magasin tel un fier Siffredi. C'est alors que je m'aperçois que j'ai oublié mon caddy (vous avez remarquez comme la sémantique est une chose extraordinaire ? Depuis le passage à l'euro, tout s'est européanisée, tout objet a vu son nom anglicisé, pour faire européen alors que l'Angleterre refuse d'appliquer l'euro ! Avant, il n'y a pas si longtemps puisque ça a moins de 10 ans, la baguette était à 3,50 francs et vous poussiez un charriot, aujourd'hui la baguette est à 1,05 euros et vous poussez un caddy). C'est extraordinaire, l'euro ! Depuis, tout est payant, même le caddy et moi, je n'ai pas de monnaie... Donc, je passe par la caisse afin d'obtenir un jeton pour pouvoir faire mes courses. J'ai l'impression d'avoir à demander l'autorisation d'avoir le privilège de faire mes courses ici alors que c'est mon argent qu'ils vont me pomper.

Je ne sais pas si ça vous fait le même effet qu'à moi, mais, ces derniers temps, quand je voie les étiquettes de prix, j'ai la sensation qu'on est revenu aux francs... C'est peut-être d'ailleurs pour ça que le prix n'est plus indiqué sur le produit lui-même, afin de ne pas vous effrayer quand vous déposez vos articles sur le tapis de la caisse. D'ailleurs, ils ont tellement peur de vous effrayer que, de plus en plus souvent, le prix n'est plus indiqué nulle part ! Il faudra que je propose à Murphy d'ajouter une nouvelle loi à ses tables : c'est toujours pour le produit que vous voulez que le prix n'est pas indiqué (ou alors ailleurs et en tout petit) et c'est toujours à ce moment que les bornes tombent en panne !

Je passe rapidement devant l'étal de fruits et légumes, bien trop cher pour moi, en fermant les yeux pour ne pas me laisser tenté et c'est là que j'explose le talon d'une pauvre grand-mère en extase devant les carottes qu'elle ne peux s'offrir au regard de sa maigre retraite. Désolé, je m'excuse et offre à cette pauvre dame de lui offrir un kilo de carotte afin d'égayer sa mine et ses longues soirées solitaires. Puis j'entre dans le rayon frais. J'avais quitté mon manteau, profitant de la chaleur tropicale du rayon fruits et légumes, mais le froid me saisit et j'enfile prestement celui-ci, m'attendant à voir surgir un phoque ou un ours blanc au coin d'un des frigo. Non, rien, ni personne d'ailleurs. Je suis surpris et heureux, le rayon est vide ainsi quasiment que les autres et je me réjouit, heureux de pouvoir faire tranquillement mes courses loin de la cohue.

Le piège se referme doucement sur moi... Là, c'est un sachet d'ourson de guimauve qui me saute dessus, ici, j'ose prendre une lessive plus chère ne voulant pas me contorsionner pour aller chercher le dernier bidon de la pas chère qui est tout en haut et tout au fond. Devant les fromages, je suis fait ! Mon péché mignon me saute à la gorge, m'obligeant à prendre plus que de raison... et c'est avec le double de ce qui est marqué sur la liste que je me rend encore penaud vers la caisse.

Horreur ! Je comprend pourquoi le magasin était vide ! Tous m'attendaient à l'unique caisse ouverte ! Et c'est au fond d'une ligne de retraités, derrière une vingtaine de ces petits vieux pas pressés que je me morfond, regardant le bac de glace fondre sur le dessus du charriot, pardon, du caddy...

Une énième petite vieille me double, son sac de croquette pour chat à la main, et c'est alors que je vais protester que je reconnais ma claudiqueuse de tout à l'heure. Je me tait et me ratatine lentement mais surement, sentant venir sur moi le poids des ans et l'âge de la retraite. Sur, je serais petit vieux avant d'avoir atteint le tapis de caisse. La caissière en rajoute, attrapant le micro et demandant d'une voix peu engageante « Nadine, tu peux me dire le prix du mou de veau, ça passe pas ». Je prie que le papier hygiénique ou les tampons de ma femme aient été bien référencés. Nadine arrive, à peine plus jeune que la majorité des clients et repart avec le mou qu'elle serait bien en peine de réveiller... Le temps passe, les clients à la caisse moins. Le mou est passé et j'aperçois enfin le bout du tapis sur lequel le client qui me précède a prit le soin de poser la barre de séparation sur laquelle est marqué « caisse fermée ». La caissière a du me voir blêmir et me rassure, non, elle ne ferme pas de suite. Plus que trois devant moi et je peux enfin poser mes articles que je sors l'un après l'autre du caddy. C'est alors que je pose le dernier que je vois arriver deux autre caissières...

Bon, trop tard !

Enfin, c'est mon tour ! Si jusqu'à présent, la caissière a été d'une lenteur extrême, elle a du sentir mon empressement et j'ai du mal à suivre, jetant le pack de lait sur la boite des oeufs afin de ne pas engorger une sortie de caisse inversement proportionnelle au tapis d'avant... Enfin viens le moment de l'addition... Encore cette impression d'être revenu aux francs... Je demande en souriant à l'aimable caissière s'il font des facilité de paiement : 4 fois sans frais ou crédit sur dix mois. Elle ne semble pas apprécier la plaisanterie et je ravale mon sourire. Moyens de paiement ? Par carte ! Elle attends devant moi que j'insère la carte dans l'appareil, sans doute un peu rêveuse devant l'image et m'annonce, deux minute après que l'appareil ai affiché « tapez votre code » : « vous pouvez taper votre code ! ». Merci, je sais lire et j'avais d'ailleurs commencé à le faire ! Bien sûr, la carte ne passe pas et ma caissière (je dis ma maintenant que nous avons parlé d'insertion, nous sommes un peu plus intimes) s'empare prestement de ma carte pour la frotter sur un pull douteux... Croyez-vous qu'on ai expliqué à ces dames qu'introduire de l'électricité, fut-elle statique, peut être fatal à une carte qui ne se veux plus magnétique depuis longtemps mais dispose maintenant d'une puce extrêmement fragile face à de telles agressions ? Toujours est-il que ça marche et que je repars, poussant mon caddy en remplissant mes sacs. Dans la manœuvre, j'ai faillit attraper l'autre cheville de ma mamie de tout à l'heure... Je rentre, épuisé après avoir été plus de trois heures dans ce magasin, vers chez moi, chargé comme une mule. Ma femme m'attend. :
« tu as été bien long ! J'espère au moins que tu as pensé au râpé, il m'en faut pour faire la quiche... »

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