jeudi 27 mars 2008

SUPPOSITOIRE MODE D'EMPLOI : INTRODUIRE AU MOMENT DE LA CRISE (LA FORME TORPILLE ASSURE UNE INTRODUCTION PARTICULIEREMENT HEUREUSE).



Notre bon gouvernement continue sa politique de modernisation et, après la fonction publique, le code du travail et tant d'autres, c'est aujourd'hui la modernisation du système de santé qui est à l'ordre du jour avec, comme échéance, l'été 2008 afin de pouvoir mettre en place cette modernisation dès l'année 2009.

Nous sommes bel et bien dans une accélération des réformes, comme l'a voulu notre président au sortir du résultat de l'élection municipale et non pas, contrairement à ce qu'il aurait voulu croire (enfin, selon ses dire même si un journal comme le canard enchainé affirme qu'il a bien compris, en privé, la signification de ces résultats) face à une volonté des français clairement exprimée... Il faut passer vite les réformes afin qu'elles soient oubliées à l'horizon 2012 !

C'est étrange comme le mot modernisation peut être suspect lorsque l'on regarde le résultat des modernisations entamées précédemment... On a donc tout lieu d'être inquiet face à la tentative mise en place de nouvelle modernisation aujourd'hui...

La modernisation consiste systématiquement en une remise en cause des acquis des plus pauvres en faveur des plus nantis... Modernisation sociale qui aboutit au paquet fiscal (heures sup détaxées pour le salarié -gain quelques euros- et pour le patron ; dé fiscalisation en faveur des plus nantis...) ; modernisation du code du travail qui aboutit en une remise en cause des droits des salariés à se défendre et en une remise en cause du droit syndical qui, s'il est loin d'être parfait, avait au moins le mérite de pouvoir servir aux plus combattifs pour se protéger des retombées patronales lorsqu'ils revendiquaient l'application du code du travail, et suppression de toute retombées juridiques à l'encontre des patrons voyous (voir mon post ici) ; ...

Alors, quid de cette nouvelle modernisation concernant le droit pour tous à être en bonne santé, à être soigné lorsqu'ils sont malades, y compris pour les plus pauvres ?

Le rapport final, le projet de loi, ne sont pas encore tombés et n'apparaitrons que dans quelques semaines, voir quelques mois, mais on peut craindre, face aux rapports commandés pour la préparation de cette nouvelle réforme et face aux discourt de notre bon président et de sa si maladroite ministre, le pire. Surtout en sachant que, comme souvent lors de la présentation des pires décrets, cette réforme ne sera rendue publique que pendant les vacances d'été...

Je vous livre ici quelques points de ces rapports et quelques uns des commentaires de nos gouvernants pour que vous puissiez vous aussi vous faire une idée de ce qui nous attends...

Dans ce cadre, trois chantiers seront conduits par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot : garantir l'accès aux soins de tous, tous les jours, sur tout le territoire ; mettre en place les agences régionales de santé ; et réformer l'hôpital. Cela a l'air beau, mais il faut attendre le développement du projet pour commencer à se faire une idée de cette réforme.

On commence, en effet, par mettre en place des commissions, des états généraux de la santé, chargés de redéfinir le rôle pivot de la médecine générale et de sa coordination. Le but étant de regrouper les médecins dans des maisons de la santé pluridisciplinaires et de redéfinir leurs modes de rémunération. Pourquoi pas ? Et bien, accepteriez-vous de ne pas avoir le choix, à partir du moment ou vous avez choisit une branche professionnelle, de votre lieu d'affectation, de ne pas avoir le choix de votre mode de vie ? C'est ce qu'on va imposer aux médecins libéraux, soit disant... Difficile à croire, voilà un projet qui, s'il était mené à bien, soulèverait bien des protestations et qui, nous pouvont en prendre dès aujourd'hui le pari, sera très vite abandonné ! Et pourtant, c'était surement le moins pire des points de cette réforme (je n'ai pas dit le meilleurs, attention) !

Par contre, sur ce « chantier », il est certain que les points soulevés par notre président, eux, resterons bien en place, à savoir la maitrise des dépenses, en particulier s'agissant de prescription de médicaments et d'arrêts de travail. En gros, il sera demandé aux praticiens de réduire leurs prescriptions de médicaments au détriment du confort du patient (enfin, si le fait de ne pas souffrir est un confort)voire de déréguler une grande partie des médicaments, et de réduire encore la durée, le nombre d'arrêts maladies prescrits (déjà que, pour une grippe, vous ne disposez souvent que de trois jours d'arrêt et reprenez le travail avec une fièvre dépassant souvent les 38°), arrêts qui seront encore plus contrôlés par la sécurité sociale malgré une réduction drastique des effectifs...

Cette maitrise des dépenses aboutira encore une fois à un dé remboursement de certains médicaments, après les nombreux dé remboursements déjà mis en place et surtout après la franchise médicale qui, elle, sera renforcée...

Autre préoccupation de notre président repris dans cette réforme, la place respective de la solidarité, de l'assurance et la responsabilité individuelle. Moins de remboursements de la part de la sécurité sociale et la mise en place d'un système de santé qui ne sera plus basé sur la solidarité mais sur un système à l'américaine avec une place prépondérante des assurances particulières. Pourquoi les riches paieraient-ils pour les pauvres ? Et pourquoi les assurances privées seraient-elles écartées d'une manne financière qui, quoi qu'on en dise, est énorme ? Un « panier de soins » serait mis en place limitant le nombre de consultations remboursées dans un premier temps. De même, une remise en cause de la prise en charge à 100 % des affections de longue durée est à l'étude, ainsi qu'une remise en cause du remboursement tout court en cas de comportement à risque ayant déclenché l'infection ou étant responsable de l'accident de la vie.
A l'étude également, une séparation entre les soins et la dépendance, moins rentable, elle, permettrait aux assureurs privés de laisser les frais de celle-ci à l'état, ne gardant que le plus juteux.

Enfin, dernier point important de cette réforme, la remise en cause des hôpitaux. Ceux-ci seront régionalisés, donc plus d'implication de l'état, avec un rôle encore plus important donné aux directions qui ne sont plus constituées de personnel soignant mais de gestionnaires formés à la rentabilité (avec le succès que l'on connais) ; une modification des statut est prévue, rapprochant ceux-ci des entreprises de droit privé et surtout les contrats liant le personnel soignant à l'hôpital seront de droit privé, enfin, la rémunération des médecins se fera... à la performance ! Remarquez, grâce à la tarification à l'activité pour les courts séjours voulue par notre président, tout sera fait dans les hôpitaux publics afin de réduire au maximum la durée d'hospitalisation au détriment des risques non seulement concernant la santé du patient, mais aussi des risques sanitaires liés à l'activité, ce qui permettra d'augmenter le nombre de patients reçus sur une année sans avoir à augmenter le nombre de lits, au contraire, même...

Que de belles choses dans cette nouvelle modernisation !

Et tout ça dans le but d'un « retour durable à l'équilibre de l'assurance maladie ». Est-ce le même retour que celui que vous nous promettiez lors de la mise en place du plan de juillet 2007 et qui devait permettre à la sécurité sociale de faire 417 millions d'économie à la fin de l'année 2007*, monsieur le président ?

Alors, en ce qui concerne le fameux trou de la sécurité sociale, je vous conseille de lire ou de relire mon précédent post ici sur ce sujet, mais il faudrait encore être sourd et aveugle pour continuer à croire à cette hydre que l'on nous présente. Les chiffres parlent d'eux même (cf ici).














* La ministre de la Santé, de la jeunesse et des sports et le ministre du Budget, des comptes publics et de la fonction publique ont présenté le 4 juillet un plan de redressement de l'assurance maladie. Les mesures contenues dans ce plan devraient permettre de réaliser une économie de 417 millions d'euros d'ici à la fin 2007 et d'environ 1,225 milliard d'euros en année pleine. Elles concernent les parcours de soins, les arrêts-maladie, les médicaments, l'hospitalisation et les professionnels de santé. Ce plan doit permettre de limiter le déficit de l'assurance maladie en améliorant sa gestion. (source ministère de la Santé, de la jeunesse et des sports)
[ 4 juillet 2007]

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