Je me suis arrêté juste après le lieu de l'impact pour porter secours si cela était nécessaire. L'homme, conducteur rageur mais indemne, s'escrimait sur l'avant de la voiture pour essayer de dégager la roue aidé en cela par quelques badauds. Et le chien, un superbe labrador sable, presque blanc, gisait sur le bas côté, regardant la scène la langue pendante et le museau maculé de sang sans que personne ne fasse attention à lui.
J'ai ramassé cette pauvre bête seul. Elle pignait de douleur. Je l'ai chargé le plus délicatement possible dans ma voiture et l'ai emmené chez le vétérinaire le plus proche sans qu'aucun des protagoniste ne daigne lever le petit doigt pour m'aider. Au pays de la tauromachie, la souffrance d'un animal est un spectacle, pas un crève coeur !
La pauvre bête ne pouvait s'en sortir, trop de dégâts, trop de souffrance, et le médecin a fait ce qu'on n'a pas voulu faire pour cette pauvre Chantal Sébire, il a abrégé ses souffrances. Pourtant, lui n'a pas apporté son consentement éclairé et conscient !
Le conducteur, trop occupé a pester après ce cochon d'assureur qui, pourtant, lui remboursera les dégâts, n'a pas juger utile de faire le moindre geste d'humanité envers un être qui souffrait, tout comme ceux qui s'étaient arrêté pour profiter un peu du spectacle des malheurs d'autrui.
Quelquefois, trop souvent, j'ai honte de faire parti de cette race égoïste, égocentrique, qu'est l'homo sapiens ! On parle d'humanité mais ou est-elle chez cet homme et ceux qui l'entouraient ? Ou est-elle, encore, quand on pense à ce qu'ont vécu Chantal et sa famille (je n'ai pu m'empêcher de penser à elle au moment ou le vétérinaire m'a annoncé qu'il fallait piquer cet animal, me disant que lui avait mille fois plus de ce qu'on nomme humanité que tous ceux qui ont porté le débat sur la nécessité de l'euthanasie, oubliant qu'ils parlaient d'une femme qui souffre et pas d'une donnée statistique) ?
Je suis rentré chez moi, retrouvant dans la cour mon chien qui, oubliant de remuer la queue pour la première fois, m'a senti longuement avant de me regarder, les yeux tristes... Lui avait senti le drame ou peut-être seulement ma tristesse par dessus l'odeur de ce chien qu'il ne connaissait pas.
Peut-être est-ce ça, l'humanité ! Faire souffrir inutilement, exploiter, massacrer, rabaisser... Peut-être que je me trompe et que la compassion et l'empathie ne sont en fait que des tares dont je souffre ? En tous cas, Dieu, si je me trompe et que vous existez, je ne veux pas de votre paradis, car si l'homme est à votre image, cette image et bien trop effrayante pour avoir envie de la côtoyer, elle ou son original, éternellement !
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